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Ô mio paséo…

By 12 janvier 2016janvier 26th, 2016Fatchaplus, Numéro 4

Pour ce numéro nous avons donné carte blanche à Jean-Luc Linares, architecte urbaniste qui nous livre son analyse de la réhabilitation du Quai de la Joliette et dont il nous propose une vision fantasmée.

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Le Mucem est une réussite architecturale et urbaine, un projet phare qui fait rayonner Marseille. Le triangle Vieux Port / Mucem / Terrasses du Port est aujourd’hui un territoire internationalisé : l’entrée de Marseille, notre triangle d’or, notre carte postale. Les visiteurs les plus téméraires vont jusqu’à la Bonne Mère avec le train, mais rares sont ceux qui se perdent en ville et qui découvrent le grand Marseille.

Le parvis du Mucem laisse un goût d’inachevé, un espace à tous vents, fréquenté mais peu adapté à l’usager. Le Quai de la Major reste très maladroit. Si côté ville, une réhabilitation de très bonne qualité met en valeur le socle de la Major, le côté mer reste une accumulation d’espaces résiduels, un patchwork urbain sans idée forte, un arrière port malheureux où l’on reproduit (c’est une manie) un urbanisme de réseaux.

Les voitures circulent vite et sans entrave sur cette belle ligne droite du front de mer….La sortie d’autoroute sur la foule des Terrasses du Port est la caricature de ce non sens .… Nous n’avons pas le droit de gâcher un bord de mer, c’est un rêve urbain d’avoir une façade littorale.

 

Soyons ambitieux et réalistes, soyons poètes…

 

Nous avons initié un projet fort, allons au bout du projet, que diable ! Il faut continuer sur la lancée du Mucem, avec un autre projet phare, d’échelle internationale ! Un projet culturel, rayonnant et lié à Marseille et à la mer. Il faut une composition forte des espaces urbains, des arbres généreux, sous lesquels on puisse se promener…. Il faut réduire les voies auto à minima, assurer les continuités piétons vers la mer, avec des revêtements changeants. Ce qui a été fait entre le Mucem et les escaliers de la Major doit être reproduit systématiquement.

 

Soyons ambitieux et réalistes, soyons poètes…

 

Avoir un paséo à l’espagnole, comme on en trouve à Malaga, à Gênes ou à Lisbonne. Un beau paséo qui aille du Vieux Port et son futur pont transbordeur jusqu’aux Terrasses, qui s’arrête au parvis du Mucem, face à la mer. Ô mio paséo… je souhaite que l’on puisse s’y promener sans y faire des achats, que l’on puisse s’y arrêter sous un arbre protecteur, que l’on y regarde passer goélands et bateaux, que l’on y respire les embruns de la mer, que l’on y parle en toute intimité des années qui filent, du mal de vivre et de la beauté du monde… Une promenade tranquille et une parenthèse poétique , où l’on donne à respirer, à penser, un paséo sur le Quai de la Joliette… Ô mio paséo…

 

Soyons ambitieux et réalistes… ne laissons pas le Mucem seul avec le Vieux Port, soyons poètes. Ô mio paséo…

Jean-Luc Linarès

Exemple du paséo de la plage de la Malvarrosa à Valence en Espagne

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