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Un centre social, une cité, un quartier…

By 21 février 2020mars 27th, 2020Fatchalire, Numéro 15

Nous avons rencontré Mme Espinosa, habitante des Trois Ponts, juste à côté de Château Saint-Loup. Elle est née dans ce quartier et s’y est beaucoup investie. Elle nous a raconté comment il avait changé.

Mme Espinosa est née dans une maison des 3 Ponts en 1941, pendant la guerre. C’était un quartier de collines, tranquille, loin de Marseille. En 20 minutes, avec les transports en commun, on était à Castellane.

Ça s’appelle Les 3 Ponts parce qu’il y a le canal qui passe sous trois petites arches.

Avant, il y avait le village des 3 Ponts et les campagnes avec les maraîchers, c’est tout. 

Il n’y avait pas beaucoup de monde : 11 familles seulement l’hiver. C’était le poumon de Marseille. Les marseillais qui avaient de l’argent venaient ici se reposer dans les gentilhommières et dans les châteaux. Il y avait des vignobles et pour les vendanges les gens venaient faire la fête aux 3 Ponts. Il y avait quelques maisons en dur et des cabanons pour l’Été, pour les gens du centre-ville qui venaient en vacances.


Tout les 3 Ponts et le Parc des Bruyères c’était le terrain de jeux des enfants. Ils étaient heureux, de vrais sauvages.


Il y avait quelques commerces : une boulangerie, le bar du chalet vert, un libre-service et même une boucherie. Il y avait aussi une autre épicerie pour les vacanciers vers la colline. 

Maintenant il n’y a plus rien.

Tout les 3 Ponts et le Parc des Bruyères c’était le terrain de jeux des enfants. Ils étaient heureux, de vrais sauvages. À l’époque, sur le chemin de la Bécotte il y avait un mur et en passant par un endroit où le mur était cassé, ils allaient se baigner dans un grand bassin qui servait de piscine.

C’est là où se trouve aujourd’hui le bâtiment B de Château Saint-Loup.

Le château était au fond. Mais ils n’y allaient pas.

C’était la propriété d’un américain parti au moment de la guerre. L’institutrice qui habitait dans une gentilhommière un peu plus bas, leur avait raconté comment était le château à l’intérieur. Il y avait des mosaïques extraordinaires au sol et dans chaque pièce de très grandes cheminées en marbre, et au dessus des cheminées de beaux miroirs ciselés.

Pendant la guerre, les allemands ont réquisitionné le château, et lorsqu’ils l’ont quitté pour aller dans le bunker des 3 Ponts et dans une maison de quartier où ils avaient leur état-major, ils l’ont pillé de toutes ses merveilles.

Plus tard, le château a été squatté par des familles qui avaient été expulsées des vieux quartiers de Marseille.


Le château avait été rasé, les arbres coupés et la cité Château Saint-loup était née.


À partir de 1960, les gens ont commencé à s’installer aux 3 Ponts et à construire.

Vers 1967 l’Association des Parents d’Elèves a appris la construction d’une cité de 300 familles sur le terrain boisé du château. Avec le C.I.Q fraîchement recréé ils ont œuvré pour la construction d’une école en dur comprenant le primaire et la maternelle.

L’École des 3 Ponts a ainsi été inaugurée en 1970 en même temps qu’arrivaient les premiers habitants au Bâtiment A.

Le château avait été rasé, les arbres coupés et la cité Château Saint-loup était née. 

En 1975 ce fut la création de la première association socio-culturelle de Château Saint-Loup. Activités pour les jeunes : foot, théâtre, chant, danse, majorettes, sorties, etc…

Elle a vécu jusqu’aux années 80.

En 1996 un collectif d’associations qui regroupait toutes les associations du secteur a été formé afin de créer un centre social. Il a pris place au bâtiment B et s’occupait des enfants et des personnes âgées en même temps ; c’étaient les mêmes activités que par le passé, mais pas le même public : les enfants avaient complètement changé. Ils étaient un peu réfractaires mais avec de la persévérance l’équipe a réussi à les intéresser.

En 2004, après 8 ans de gestion intensive, le bénévolat arrivait à sa fin et il a fallu chercher une association pour prendre la relève. C’est comme ça que le Centre Culture Ouvrière est arrivé.