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Un nouveau départ

By 23 février 2016mars 1st, 2016Fatchalire, Numéro 5

Hinda a découvert Marseille il y a un an et elle a ouvert la boutique de déco « Keskes » avec son frère dans les Docks Village.

Je suis née à Paris à l’Hotel Dieu, en plein centre ville et j’y ai vécu jusqu’en 2009. À ce moment, les prix ayant trop augmenté, j’ai été obligée de quitter Paris. Je suis allée vivre en banlieue, à Pantin. J’ai eu un peu peur au début : Pantin c’est le 93, c’est pas très réputé… En fait ça a été vachement bien. J’ai trouvé un coin très vert avec des jardins, j’ai découvert le “beau Pantin”, et j’étais ravie.

Et puis je me suis retrouvée à Marseille.
Ça s’est fait presque par hasard. Je voulais du changement dans ma vie, alors la première chose que j’ai faite, ça a été de vendre mon appart. Il a fallu que je me reloge mais j’étais au chômage sans fiche de paye… J’ai raconté ça à un ami qui m’a proposé de venir à Marseille où il avait un appartement.

“Qu’est-ce que je vais aller faire à Marseille ? je connais personne à Marseille, moi !”

C’est ce que je me suis dit sur le coup, mais trois jours après, je lui ai dit que je voulais tester pendant quelques jours pour me faire une idée. Le lendemain je prenais un billet. J’ai vadrouillé dans plein de quartiers, et ça m’a plu. J’étais encore un peu indécise, mais comme de toutes façons rien ne me retenait à Paris, j’ai décidé de prolonger le test pendant trois mois. J’ai organisé mon déménagement et je suis venue.

J’étais dans un appart avec terrasse au Panier… Parfait pour l’Eté, plus grand que ce que j’avais à Paris, moins cher, avec la mer, le soleil… Je ne me voyais pas rentrer à Paris !
Je passais sur le Vieux-Port, je trouvais ça trop chouette, et puis toutes les possibilités qu’il y a ! Prendre un bâteau pour le Frioul par exemple, c’est des choses magiques qu’on ne peut pas trouver à Paris. Là bas, quand tu fais une heure de voiture, tu te retrouves avec tous les parisiens qui ont eu la même idée que toi.

Sur Marseille j’avais les clichés habituels, que c’était une ville dure, et puis tout ce qu’on entend dans les médias sur les quartiers nord. Mais je ne voulais pas m’arrêter à ça, surtout que j’avais déjà eu une bonne surprise à Pantin.

Et puis j’ai pensé à mon père, qui est arrivé en France de Tunisie dans les années 50. Il était passé par Marseille mais n’avait pas du tout aimé. Ça m’a touché de me dire que peut être je faisais le parcours inverse, et de manière plus positive.
J’avais quand même une histoire avec cette ville.
Je ne descendrais pas plus bas par contre, même si je parle la langue et que j’ai un peu vécu en Tunisie, c’est en France que j’ai grandi et que je me sens chez moi.
À Marseille je me sens plus proche de la Tunisie que quand j’étais à Paris, j’y retrouve l’exhubérance méditerranéenne. J’ai toujours vécu dans des quartiers populaires, j’aime quand ça parle fort, quand ça raconte des histoires. Je ne pourrais pas vivre à Aix par exemple.

Ça fait un an maintenant que je suis là. Pour ouvrir notre boutique avec mon frère, on s’est baladé dans le centre-ville. Au départ c’est sur les Voûtes de la Major qu’on a flashé, mais les Docks nous ont bien plu aussi et les choses ont pu se faire assez rapidement. Comme on était dans l’urgence, c’était parfait. Et puis l’endroit est magique,

Tout le monde dit que c’est un centre commercial, mais en réalité c’est une galerie commerciale. Pour nous c’est pas la même chose. Le fait qu’il y ait cette coursive sur laquelle tous les magasins donnent, c’est top. Il y a une très bonne ambiance avec les voisins, on se retrouve le soir pour boire un verre. On sent l’esprit village qui a voulu être créé. Ça fonctionne encore un peu en vase clos pour l’instant avec les gens qui travaillent ici. Ça manque un peu d’interaction avec les clients, les gens du quartier. On espère que ça va venir.

Je ne connais pas bien l’histoire des Docks, à part ce qui est affiché à l’entrée, ni celle du quartier. Je connais ce que j’ai découvert en marchant ou en prenant le bus. Par exemple je prends régulièrement le 49 pour aller à la Belle de Mai, ça me fait visiter. On voit à quel point le quartier est en pleine mutation.

Ça semble un peu vide pour le moment, mais on sent vraiment qu’il y a un mouvement, que ça va bouger. Je trouve ça génial de participer à tout ça, d’être là au moment où ça bouge, c’est une façon intéressante de s’intégrer dans la ville. J’aimerais bien m’investir dans la vie du quartier, mais pour l’instant, c’est le début de mon projet aux Docks, ça prend beaucoup de temps et j’ai un peu mis ma vie privée entre parenthèse, mais j’aime bien participer à ce qu’il se passe,

donc ça va venir !