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Une aventure contrastée, entre indépendance et frustration.

By 2 novembre 2017novembre 9th, 2017Fatchalire, Numéro 11

«Je viens de terminer une mission de Service Volontaire Européen dans une association à Marseille.

A la suite de l’obtention de mon master à Aix-en-Provence, je suis partie à la recherche d’options pour rester en France, surtout pour descendre vers Marseille afin de profiter de cette ville qui m’appelait dans ses bras.

Avant de découvrir ce dispositif de mobilité, je cherchais plutôt des stages dans ma ville natale à Istanbul, et à Marseille. Je n’avais même pas tenté de chercher un emploi dans aucun pays puisque je ne me sentais pas assez « qualifiée » pour le monde de l’emploi avec un BAC +5 que j’avais obtenu en sociologie.

Tout le monde social m’avait dicté depuis l’enfance «qu’on ne pouvait pas trouver du travail avec un diplôme obtenu en sciences sociales».

Je crois qu’au niveau personnel, j’avais bien incorporé cette prédiction, et donc je ne me voyais pas vraiment dans le monde professionnel avec les acquisitions que j’avais eu dans le domaine de la sociologie.

Pour ces raisons-là, je cherchais plutôt une mission de volontariat, à laquelle il me paraissait plus « facile » de candidater. J’ai donc commencé à faire ma mission de volontariat pour 10 mois dans le cadre d’un projet qui vise à l’inclusion sociale des migrants à Marseille.

Au cours de ma mission, je me suis rendue compte que j’apprenais énormément de choses au niveau professionnel.

Je faisais plein de choses, j’étais très active, je ne sortais plus, je pensais toujours au « travail », je développais des projets personnels à côté qui étaient en lien avec ma mission, et je travaillais tous les jours de la semaine. Je me sentais presque comme si j’étais une vraie salariée qui travaillait dans une association.

Au niveau socioprofessionnel, ça me faisait beaucoup de bien de me sentir comme une vraie adulte. C’est-à- dire que j’apprenais plein de choses qui pouvaient m’être utile sur le marché du travail, je touchais une indemnisation tous les mois, je vivais seule dans un pays étranger et je me sentais indépendante à tous les niveaux ! Du coup, à la veille de la fin de ma mission, j’ai essayé de voir les opportunités d’allonger mon séjour en France en cherchant un emploi. Je croyais que ça allait être facile parce que je sentais que toutes les études que j’avais faites, plus mon expérience de volontariat, et mes efforts pour me rendre plus compétente pouvaient être valorisées dans le monde de l’emploi.

Euh non, pas vraiment ! Je n’arrivais pas à trouver du travail, les conseillers d’emploi me disaient que j’étais très « romantique » pour le marché de travail, les juristes me disaient que mon futur emploi devait correspondre à tel ou tel critère, les associations me disaient que je n’étais pas éligible aux contrat aidés, etc…

D’un coup ma mission de volontariat, que je considérais comme un « tremplin vers l’emploi », m’a un peu frustré et j’ai été complètement démotivée.

Et hop, j’ai eu une nouvelle idée pour me motiver à poursuivre mon chemin en France : revenir aux études pour être plus « compétente » et « éligible » au monde professionnel. Donc cette fois-ci j’envisage un master professionnel en tant que deuxième tremplin vers l’emploi. Si je ne trouve pas d’emploi l’an prochain, j’irai peut-être aller récolter du cacao en Colombie dans le cadre d’une autre mission de volontariat, ou bien je trouverai d’autres études à faire !»

Öykü, 25 ans